Aller au contenu

Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rité, le détachement et le courage scientifiques serait un héros. Il ne serait pas moins héroïque, l’artiste qui n’aimerait partout que la beauté et dont tous les gestes, dans la conduite quotidienne comme dans l’art, chercheraient l’harmonie.

Je suis heureux de n’être pas le premier à comprendre qu’il faut endiguer l’éthique. J’ai cité le mot méprisant de Louis Ménard contre ceux qui veulent « moraliser la beauté ou la vérité ». Malgré les préoccupations scientifiques qui, à mes yeux, gâtent son Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction, j’aime, dans J.-M. Guyau, plusieurs déclarations analogues. Celle-ci, entre autres, qui ouvre presque le livre :

« On n’ébranle pas la vérité d’une science, par exemple de la morale, en montrant que son objet comme science est restreint. Au contraire, restreindre une science, c’est souvent lui donner un plus grand caractère de certitude : la chimie n’est qu’une alchimie restreinte aux faits observables. De même nous croyons que la morale purement scientifique doit ne pas prétendre tout embrasser et que, loin de vouloir exagérer l’étendue de son domaine, elle doit travailler elle-même à le délimiter. »

Pour se soumettre l’art et la science, les infâ-