Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/22

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je vois d’autres fils rester longtemps immobiles d’esprit, je pleure sur eux comme sur des tombeaux : tous ceux qui espérèrent vivre en eux sont morts pour les siècles des siècles.

Je ne renie pas la logique. Je ne vais pas, si pauvre, renoncer à un de mes rares moyens d’enrichissement. Mais je demande à cette séductrice hautaine de ne me point appauvrir davantage. Elle a la manie de vous saisir par la main et de vous entraîner tyranniquement. Elle défend de regarder à droite ou à gauche. Elle vous met des œillères et elle affirme que la seule route est celle qu’elle fait suivre. Prouvant le sérieux par l’aridité, il lui arrive d’écarter ceux qui ont foi en elle de tous les parfums, de toutes les couleurs, et de la variété souple des corolles, et de la grâce balancée des ombrages, et du frais cantique des sources.

Quand je me sentirai au centre d’une évidence, j’essaierai parfois le tâtonnement logique. Quelques pas seulement, toujours à demi tourné vers la lumière, toujours prêt à me replier vers elle. Je n’oublierai jamais comment, autour de la petite lueur, l’espace ouvre son rayonnement sphérique.