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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/245

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robuste. Tant que je ne manque pas de pain, je n’ai besoin que d’être « pauvre d’esprit ». Dans les longues périodes de rémission où nulle douleur ne hurle dans mon corps, je n’ai besoin que d’être stoïcien d’esprit. Ne serrons pas avant l’heure des lèvres qui se crisperaient ridicules ; ne chargeons point d’armes notre repos ; ne nous abritons pas timidement quand le ciel reste serein. Le refuge est construit. On le visite de temps à autre en souriant pour s’assurer de son bon état. Cependant, parmi les libres parfums et les libres couleurs du jardin, on vit doucement les heures douces.

La critique épicurienne de la sensibilité et la facile discipline qui en découle suffisent à me délivrer de douleurs tellement imaginaires que les animaux ne les sentent pas. Quelques-uns ont monté plus haut par ce sentier fleuri. Moi, à ce point de la côte, je prends la fière route stoïcienne. Elle m’élève, pour les rares combats humains, au-dessus de la sagesse instinctive des animaux.

Après que la critique de Kant eut écarté tout moyen de créer la métaphysique par la raison pure, le positivisme d’Auguste Comte, afin de tourner entière la puissance intellectuelle vers la construction des sciences, renonça aux recherches métaphysiques. Qu’on me permette d’étendre au genre le