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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/246

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nom que Comte réserve à une espèce. J’appelle positivisme tout renoncement à ce qui ne dépend pas de moi dans le but de réaliser plus pleinement ce qui dépend de moi. Qu’on me permette d’appeler positivismes tous les criticismes pratiques. Le criticisme moral, c’est l’obéissance au Connais-toi toi-même. De même que les disciples de Comte distinguent pratiquement entre le connaissable et l’inconnaissable, entre ce que ma raison peut atteindre et ce qui lui échappe : le stoïcien distingue pratiquement le possible et l’impossible. Il établit les limites de ma volonté, m’enseigne à renoncer à ce qui ne dépend pas de moi, à me le rendre indifférent et à porter toutes mes forces vers ce qui dépend de moi. Au sens plus général et moins historique où je prends le mot positivisme, le stoïcisme est le positivisme de la volonté.

Les seules choses qui dépendent de moi — le Portique me l’a enseigné — ce sont mes opinions, mes désirs, mes inclinations, mes aversions, en un mot toutes mes actions intérieures. Ce qui ne dépend pas de moi, ce ne sont pas seulement ces richesses, ces honneurs, cette réputation que l’épicurisme m’apprit à mépriser. C’est aussi mon corps lui-même. Les choses qui dépendent de moi, dit Épictète, sont libres par nature, rien ne peut les