Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/30

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Pour appuyer sur des définitions un raisonnement qui ne croule pas au choc de la réalité, il faudrait qu’elles fussent, mes définitions, adéquates, comme disent ces messieurs de la logique. Pour peu qu’elles débordent le défini ou se laissent déborder par lui, mon raisonnement sera une chaîne d’erreurs. Comment serai-je sûr que mes définitions seront adéquates ?

Je suis certain qu’elles ne le peuvent être.

Au domaine mathématique, les définitions sont exactes. La définition, ici, est la parole puissante qui crée l’objet. Elle le crée à son image et limité par elle-même. Elle dit, franche de toute possibilité d’erreur, ce que serait une ligne s’il pouvait y avoir des lignes sans largeur ni épaisseur ; ce que serait un cercle, si jamais on rencontrait un cercle parfait. Elle dit ce que je veux que la ligne ou le cercle soient dans mon esprit.

Au domaine du concret, l’objet existe avant ma tentative pour le définir, et le moindre concret, les logiciens eux-mêmes ont dû s’en apercevoir, se manifeste inépuisable. Mon étude ne saisit jamais qu’une partie de ses propriétés et de ses rapports. Dans ce qu’elle saisit, elle choisit, non peut-être sans arbitraire, certains caractères qu’elle proclame