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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/31

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essentiels. Supposons généreusement qu’elle hiérarchise sans erreur les caractères connus. Oserai-je affirmer que nul caractère plus essentiel ne se cache aux recoins où ne pénètre point ma lumière ?

Ma définition crée toujours, à côté de l’objet concret, un objet abstrait. Les raisonnements que j’appuie sur elle valent pour ma création, non pour l’objet antérieur à ma création ; valent pour ce que je pense, non pour ce qui est en dehors de moi.

Seule la définition permet la discussion serrée, celle où il y aura vainqueur et vaincu, celle où des conclusions s’imposeront. De telles discussions sont jeux arbitraires. Voyez comme, après le combat, le vaincu reste mécontent et incertain. Il ne se sent donc pas enrichi ? Et, si le vainqueur est persuadé, son orgueil ne fait-il pas la moitié de sa certitude ? Avant de commencer le duel, on avait délimité le terrain. Quel moyen de savoir si les délimitations consenties sont ou non dans la nature des choses ?… Pour que j’accepte une définition de quoi que ce soit de concret, il faudrait que j’eusse grand appétit de me battre. Que prouverait un tel appétit ? Mon courage, croyez-vous. Ma sottise plutôt. Une sottise qui ne serait pas exempte de couardise. Une sottise qui consentirait à l’arbitraire « pour en finir », qui consentirait à