Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/46

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supposés moins étroits que les rapports des gestes humains au même univers. La prétention de déduire tout le détail de la chimie de quelques principes métaphysiques ferait rire les savants. Construire une métaphysique sur des données chimiques serait intéressant comme tentative poétique ; naïf, si on affirmait la solidité de l’édifice.

Pratiquement, une discipline quelconque doit, ce me semble, réclamer son indépendance et se constituer sans préoccupation des autres disciplines. Certes, rien ne s’oppose à ce que le même homme qui est chimiste ou moraliste soit métaphysicien. La métaphysique est le prolongement rêvé de toutes les sciences et peut-être de tous les arts. Mais, à l’heure où je rêve, je ne fais plus œuvre scientifique ou œuvre plastique.

Construire morale ou chimie sur la métaphysique, c’est appuyer le connaissable sur l’inconnaissable. Pour l’éthique, c’est, en outre, faire dépendre le besoin précis et continu de la fantaisie changeante et arbitraire. C’est modeler la vie sur le songe et transformer la conduite humaine en je ne sais quel somnambulisme. C’est vouloir ordonner et maçonner la pierre de l’abri indispensable sur la vague et fuyante réalité du nuage.

La conception kantienne, puisqu’elle se donne