Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/59

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tés dialectiques plutôt qu’un sérieux esprit d’observation, ils systématisent derrière le philosophe anglais.

Pour Hobbes, la morale se réduit tout entièrement à l’obéissance au prince. À ses yeux, comme plus tard aux yeux de Nietzsche, l’instinct profond de l’homme n’est pas la société, mais la domination. Aussi la nature nous met en guerre chacun contre tous et tous contre chacun. À l’état de nature, nous sommes des loups les uns pour les autres. L’expérience et la réflexion nous apprennent bientôt que la paix est le plus grand des biens et que notre premier intérêt consiste à ne point rencontrer trop de loups sur notre chemin. Un chef qui empêchera la lutte universelle, voilà notre premier besoin. « La vraie loi est la parole d’un chef. » Lui désobéir sous n’importe quel prétexte, c’est renouveler l’abominable état de guerre et se déclarer l’ennemi de tous. Ce qu’ordonne le prince est juste dès qu’il l’ordonne et par cela seul qu’il l’ordonne ; ce qu’il défend est injuste dès qu’il le défend et par cela seul qu’il le défend. Seule la loi, c’est-à-dire l’ordre du chef, crée le caractère moral ou immoral de nos actes. Le soldat qui tue un ennemi et le bourreau qui exécute un condamné ne sont pas des assassins ; celui qui pille