Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/63

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de Louis XIV, ou celui des papes dans les états pontificaux. Les pasteurs calvinistes, esprits un peu moins asservis, ne loueront pas, je crois, la tyrannie de Calvin à Genève. J’ai lu sous la signature de certains d’entre eux de nettes et véhémentes condamnations du meurtre de Servet. Les prêtres catholiques aiment mieux, en général, calomnier leurs victimes et ils sont condamnés à croire que l’abominable Dominique est un saint. Dominique n’est pas seulement dans le calendrier. Dante le met très haut dans son Paradis et pousse inconscience et catholicisme jusqu’à mêler en longs parallèles l’éloge du dur inquisiteur à la louange de l’idyllique François d’Assise.

Si quelque naïf, soucieux de n’être tyrannisé que par des gens vêtus comme lui, objectait qu’un prêtre pas un philosophe, je lui citerais quelques platoniciens laïques aussi atroces que le meilleur inquisiteur et, au premier rang, l’austère et répugnant Saint-Just.

Kant dit quelque part : « Que les rois deviennent philosophes ou les philosophes rois, on ne peut guère s’y attendre ; on ne doit pas non plus le souhaiter, parce que la possession du pouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison. »