Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/71

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mieux à déshonorer ses adversaires. L’ennemi des lois a donc renoncé à ce que les imbéciles et les lâches appellent son honneur. S’il se reste fidèle à lui-même, s’il ne se vend pas un jour — pardon ! on ne dit plus : se vendre, on dit : s’adapter ; ou on dit : passer de l’autre côté de la barricade ; ou on dit : changer son fusil d’épaule — il sait qu’il sera calomnié aussi longtemps qu’on se souviendra de lui ou qu’il sera adapté après sa mort.

J’accueille avec un sourire sceptique tout ce que l’histoire, prostituée aux puissants, aux riches et aux vainqueurs, me raconte sur les ennemis des organisations sociales.

Il est probable qu’il y eut dans la sophistique beaucoup de mélange. Les doctrines illégalistes n’attirent pas seulement ce qu’il y a de meilleur. Avec les hommes que la noblesse de leur pensée et de leur vie met au-dessus des lois, il y vient plusieurs êtres que des instincts bas et une basse pratique mettent au-dessous. Le grand nombre préfère, plus profitable et moins dangereux, le mensonge de la soumission apparente. Quelques-uns éprouvent des besoins d’ostentation et de brutale vantardise. Ils se font philosophes pour être glorieusement leurs propres avocats ; au lieu de chercher dans la raison un guide pour leur con-