Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/89

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naïveté de concevoir le divin comme une personne. Dieu ou la vertu, c’est l’effort interne qui produit l’harmonie, c’est la loi en travail qui fait de l’univers, comme du sage, une beauté, un ordre, un cosmos. Aussi le stoïcien aime et adore la loi cosmique. La résignation, ou plutôt le consentement joyeux et admiratif aux nécessités naturelles est un des aspects de la vertu. L’hymne de Cléanthe proclame : « Rien ne se fait sans toi sur la terre, ô Dieu, rien dans le ciel éthéré, rien dans la mer, rien, hors les crimes que les méchants commettent dans leur folie. Par toi, ce qui est excessif rentre dans la mesure, la confusion devient ordre et la discorde, harmonie. Tu fonds de telle sorte ce qui est bien avec ce qui ne l’est pas qu’il s’établit dans le tout une loi unique, éternelle, que les méchants, seuls, abandonnent et méprisent ».

Si les stoïciens construisent leur monde et leur sage sur le même modèle, s’ils voient Dieu comme une vertu cosmique et la vertu comme un Dieu qui siège dans le cœur de l’homme, au moins leur éthique reste pure de sanctions extérieures. Chrysippe dit : « Ce n’est pas un bon moyen de détourner les hommes de l’injustice que la crainte des dieux. Tout ce discours sur les vengeances divines est sujet à beaucoup de controverses et de difficul-