Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/91

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en un mot tout ce qui n’est pas au nombre de mes actions intérieures[1].

On voit que le stoïcisme est une philosophie socratique : le « connais-toi toi-même » est à sa base. La sagesse, effort pour réaliser tout le bien qui dépend de moi, indifférence pour ce qui n’en dépend pas, s’appuie sur une critique de la volonté. Le savant positiviste, pour donner toute son intelligence au connaissable, se désintéresse de l’inconnaissable. Le stoïcien, pour utiliser tout son effort avec efficacité, se désintéresse de l’impossible. Le stoïcisme est un positivisme du vouloir[2].

  1. Épictète, qui a le mieux exposé la doctrine des choses indifférentes, est le personnage central de Les Chrétiens et les Philosophes.
  2. Dans une très profonde et très subtile étude intitulée Individualisme et Personnalisme, (La Pensée Française, 8 juin 1925), le collaborateur et continuateur de Charles Renouvier, M. Louis Prat, soutient que la doctrine des stoïciens n’a rien d’individualiste puisque « ils donnent pour fondement à leur éthique une métaphysique » et puisque, pour eux, « ce n’est plus l’individu homme qui est la mesure des choses, c’est l’humanité ou, plus exactement, pour reprendre une formule stoïcienne, la raison universelle ».

    Si nous devions refuser le nom d’individualisme à toute éthique qui se mêle de vues métaphysiques et qui, à un moment ou à l’autre, affirme quelque chose d’universel,