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Page:Ryner - Le Présent du berger, paru dans Le Radical, 17 mai 1914.djvu/16

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En quelle allégresse il manœuvre sa barque. Jamais il n’a joui aussi complètement de sa force, de son adresse et des splendeurs changeantes des eaux.

Ses yeux sont vraiment des yeux de miracle. Quelle lumière enchanteresse illumine la mer jusqu’aux profondeurs les plus secrètes ? Ah ! comme Bernard les aime en ce moment ces herbes marines plus fines que les gazons de nos jardins, plus soyeuses que la mousse au pied des chênes, et ces varechs semblables à des chevelures renversées, souples et lourdes, et toute cette flore d’un éclat métallique, et tous ces coquillages aux couleurs vivantes de fleurs…

— Une mer de paradis ! proclame l’extase du vieillard rajeuni.

Prairies et forêts sont peuplées par le troupeau innombrable, glissant et sinueux des poissons dont les écailles sont de la lumière de tous les éclats et de toutes les couleurs.