Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/21

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homme sincère le reconnaîtra. Tout vrai philosophe sera joyeux de le reconnaître. Ainsi la mort de Socrate condamne justement la loi et la cité.

Xénophon, menteur comme un soudard, écrit comme on recule. Il attribue à son maître mille lâchetés qui indigneraient Socrate, s'il les pouvait connaître, et qui lui auraient épargné la ciguë, s'il, avait été capable de les consentir.

Les mensonges des Entretiens mémorables ne sont pas toujours odieux. Plusieurs sont ridicules. En son tiers livre, Xénophon fait parler longuement Socrate touchant les Mysiens et les Pisidiens. Socrate enseigne les particularités curieuses des pays habités par ces peuples et aussi leur façon de faire la guerre. Voilà les choses qui passionnent le vagabond et le belliqueux Xénophon. Voilà des choses qu'ignorait heureusement le calme, le casanier et le pacifique Socrate. Et, certes, si quelqu'un les lui avait contées, Socrate ne se fût nullement intéressé à d'aussi frivoles discours.

S'il y avait une justice parmi les hommes hellènes, on dirait en commun proverbe : menteur comme Xénophon. Il a publié sous le nom d'on ne sait quel Thémistogène de Syracuse un long récit de la retraite des dix mille où il est accordé à Xénophon, fils de Gryllos, un rôle de premier plan. Mais Ephore, qui a écrit la même histoire d'une façon véritable, ne nomme jamais Xénophon avant l'arrivée chez Seuthès, roi de Thrace, et affirme qu'il fut, toute la durée de l'anabase, une unité perdue dans la myriade.

Peut-être quelqu'un s'étonnera de mes sévérités