Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/22

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pour ce Xénophon qui m'a loué dans son livre du Banquet. En me louant avec vérité, Xénophon a fait, sans doute, la seule chose dont on le puisse louer. En ne le blâmant pas quand il est blâmable, je lui ferais injustice comme il m'eût fait injustice en ne me louant pas. A lui rendre ses louanges, je cesserais de les mériter. Qu'on le loue ou qu'on le blâme, Antisthène le bâtard reste toujours véridique. Même en le payant d'une vérité, nul ne pourra se vanter d'avoir acheté un mensonge à Antisthène le chien...

Euclide a fait de Socrate un disputeur de plus de dialectique que de conscience. A lire Euclide, on croirait que Socrate est né à Mégare et a étudié l'éristique sous Euclide, éristicien puéril.

Ces disciples insuffisants ou menteurs, je les dois considérer comme les ennemis de celui que, pour se couronner de sa mort et de sa gloire, ils appellent injurieusement leur maître.

Le pire entre tous les ennemis de Socrate n'est-il point cet Aristoclès, fils d'Ariston, qu'on a surnommé Platon à cause de la largeur de ses épaules de lutteur et à cause de la largeur de son front ridé comme coquille d'escargot ? Pour moi, quand je parle de ce disputeur de mauvaise foi, je l'appelle volontiers Sathon à cause du grand nombre de jeunes gens dont il fut l'amant et à cause de l'énormité exigeante de son membre [1].

  1. Antisthène — on le verra plus d'une fois — détestait Platon. Que ne lira-t-on pas si on retrouve un jour le dialogue en trois livres qu'il avait intitulé Σαθων η περι του αντιλεγειν, Sathon ou de la dispute, et auquel il fait quelques allusions dans les Entretiens véritables... Je crois inutile de préciser en note le sens obscène du surnom dont Antisthène se plaît à affubler Platon : ma traduction, si discrète que je l'ai voulue, ne reste que trop claire (Note du traducteur)