Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/34

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Il lui adressait des disciples. Il rappelait avec plaisir que lui-même dans sa jeunesse avait suivi, non sans profit, l'enseignement du sage de Céos. Sathon ne l'ignore pas qui, par une risible inadvertance, le lui fait avouer au dialogue du Ménon et lui fait proclamer que les leçons de Prodicos lui furent utiles comme à d'autres les leçons de Gorgias.

Malgré les erreurs pratiques de quelques-uns d'entre eux, les sophistes méritent la reconnaissance de tout vrai philosophe. Ils nous ont indiqué le chemin de la sagesse. Ils se sont détournés des recherches inutiles de la physique pour étudier les mœurs humaines et chercher des règles de conduite. Ils ont oublié les astres pour songer aux hommes ou, si j'ose répéter le mot un peu superbe qu'Hippias dit un jour devant moi, ils ont fait descendre la philosophie du ciel sur la terre.

Aussi Socrate les aimait. Il pensait avec eux que l'homme ne doit se préoccuper que des choses humaines. Au-dessus des arts particuliers, agriculture, architecture, tissage, navigation, médecine, au-dessus de tous les travaux qui servent à la vie du corps, il mettait l'art d'être homme et de faire grandir et prospérer ce qu'il y a d'humain en chacun de nous. Cet art est précisément la sophistique ou la philosophie. Et Xénophon s'est souvenu avec exactitude quand, au quatrième livre de ses Entretiens mémorables, il a fait appeler par Socrate la sophistique « la plus belle des sciences, le plus grand des talents, un art vraiment royal ».

Le grand mérite des sophistes et la cause véritable