Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/35

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pour laquelle les êtres les plus méprisables feignent de les mépriser, c'est que, ayant fait comparaître la cité devant le tribunal de la nature, ils ont entendu la nature condamner la cité et la patrie.

Socrate est un sophiste, le plus grand et le meilleur de tous. Seulement, il n'emploie pas les mêmes mots que les autres. Au lieu de dire la cité, il dit la loi écrite ; au lieu de nommer la nature, il nomme la loi non écrite. Il méprise la loi écrite par respect pour la loi non écrite, comme tous les sophistes dignes de ce beau nom méprisent la cité par amour pour la nature. Mais j'ai traité amplement de ces choses dans mon livre Des Sophistes.

Quelle mauvaise foi chez Xénophon et chez Sathon ! En plusieurs lieux de leurs livres, ils font vanter la loi par Socrate, et rien n'indique qu'il s'agit de la loi non écrite dont la pire ennemie est la loi écrite. Ainsi, même lorsqu'ils rapportent des paroles authentiques, ils savent, par quelque petit retranchement ou quelque légère addition, faire mentir jusqu'à la vérité ; ils lui font dire le contraire de ce qu'elle disait. Et ces misérables osent se prétendre disciples de Socrate le véridique !

Xénophon est peut-être surtout coupable de sottise. Je le soupçonne de n'avoir jamais rien compris qu'aux arts merveilleux de tuer, la chasse et la guerre. Mais que dire de Sathon ? Il comprenait, celui-là. La lumière avait l'espace pour s'épanouir derrière son large front, lisse au temps de Socrate et pur en apparence, ridé aujourd'hui comme coquille d'escargot. Mais il a adopté des opinions d'Héraclite qu'il a connues par Cratyle et il a adopté des opinions