Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/36

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de Pythagore qu'Hermogène lui a enseignées. Il doit beaucoup de choses aussi à deux poètes comiques, Sophron et Epicharme. Ce grand pillard est allé écouter les billevesées des prêtres d'Egypte. Toutes les liqueurs de Grèce, de Sicile et de Grande-Grèce, il les a mêlées avec des eaux du Nil. Et il attribue l'odieux mélange à Socrate qui s'en indigne, si l'on se peut indigner dans les champs élyséens, ce que j'ignore.

Pour moi, je me glorifie d'avoir entendu dans ma jeunesse deux entre les meilleurs sophistes. Mais je ne mêle pas leurs enseignements et je n'attribuerai pas à Socrate du bourg d'Alopèce ce que j'ai appris par Gorgias de Léontium.

D'ailleurs, je n'ai pas l'injustice de traiter de la même façon les souvenirs de ces deux hommes inégaux. Je sais que je dois à Socrate mille fois plus qu'à Gorgias. Gorgias était admirable pour l'art de persuader et pour la connaissance des vérités morales tant qu'on n'avait pas entendu Socrate. Dès que j'ai entendu Socrate, je ne voulus plus d'autre maître.

Je n'étais pas alors le vieillard que se plaît à dire Sathon, qui vieillit volontiers les autres philosophes comme une femme vieillit ses rivales. Malgré ma jeunesse, j'avais déjà quelques disciples. Je les renvoyai en leur disant  : « Quand une époque a le bonheur de posséder un Socrate, c'est lui seul qu'il convient d'écouter ». Aussi longtemps que Socrate a vécu, je n'ai plus consenti à avoir des disciples ; ceux qui venaient vers moi pour apprendre la vérité et les bonnes mœurs, je leur disais : « Venez apprendre