Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/37

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avec moi de celui qui m'enseigne ; l'eau est plus fraîche et plus saine qu'on boit à la source ».

A cette époque, j'habitais le Pirée. Je faisais chaque matin un chemin de quarante stades pour venir entendre Socrate. Je ne rentrais chez moi qu'à la nuit. Aussitôt arrivé, j'écrivais ce que j'avais entendu dans là journée. Matin et soir, le long du chemin, je méditais les paroles de Socrate. Car les paroles de Socrate étaient d'une plénitude inépuisable. Je puis dire que je vivais jour et nuit avec Socrate comme une amante fidèle avec celui qu'elle aime. Quand mon corps était loin de son corps, mes oreilles entendaient toujours non seulement ses paroles mais sa voix ; souvent mes lèvres souriaient parce que mes yeux le croyaient voir.


IV

Les enfants eux-mêmes savent par cœur le texte de l'accusation portée contre Socrate : « Mélétos, fils de Mélétos, du bourg de Lampsaque, accuse Socrate, fils de Sophronisque, du bourg d'Alopèce. Socrate viole les lois en niant les dieux qu'honore la cité et en introduisant de nouveaux dieux, et il est coupable de corrompre la jeunesse. Peine : la mort. »

Les enfants et les hommes répètent par cœur ces paroles honteuses et ils en font honte à Mélétos, fils de