Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Quand on est de mauvaise foi — répondit doucement Socrate — c'est toujours avec soi-même.

J'ai entendu souvent d'autres disciples demander à Socrate s'ils devaient consulter l'oracle. Socrate déconseillait toujours cette démarche. « Il n'y a aucune raison, — disait-il — de demander aux dieux ce que tu peux savoir par toi-même. Quant aux choses que tu ne peux savoir par toi-même, elles ne te concernent en rien et les dieux, s'ils sont raisonnables, ne consentiront pas à satisfaire tes vaines curiosités. » Mais cette doctrine était bien profonde et bien sévère pour l'inintelligence et la lâcheté de la plupart des hommes.


VI

Chez le jeune Aristoclès, fils d'Ariston, le maître admirait la largeur puissante des épaules, la largeur lisse du front, la largeur aussi, comme fuyante et vague, des pensées. Et il l'appelait toujours Platon.

Un jour, ce Platon dit orgueilleusement au milieu d'une nombreuse assemblée :

— O Socrate, il est juste que tu m'aimes par-dessus tous ceux qui écoutent tes paroles. Car je t'entends plus profond que les autres. Souvent même, partant de ce que tu as dit, je découvre des choses que tu n'as pas dites ni peut-être pensées.

— Comme découvres-tu ces choses, mon Platon ?