Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/60

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— Par la dialectique, très cher Socrate.

— La dialectique est souvent trompeuse, ô mon fils. Elle est un moyen de donner aux autres ce qu'on a trouvé,. Je ne crois pas qu'elle soit un moyen de trouver.

— Alors par quel moyen trouvera-t-on ?

— Par deux moyens, mon enfant. D'abord en regardant avec ses yeux. Mais les choses qu'on découvre avec les yeux du corps ne sont pas toutes d'un grand prix et plusieurs nous détournent des recherches profitables.

— Dis le moyen des recherches profitables.

— La seule science profitable est la science de soi-même. Et le moyen des recherches vraiment profitables, c'est de regarder en soi.

— J'admire, ô Socrate, à quelle profondeur tu as raison. Je regarde en moi, et j'y trouve toutes choses. J'y trouve même plus que les choses, j'y trouve l'essence des choses. Car j'y trouve d'abord qu'avant cette vie obscure, j'ai marché dans un char à la suite des dieux. Or mon char, gloire et lumière, éclairait toutes choses, et je savais toutes choses. Ma naissance fut une chute loin des dieux, une chute loin des essences véritables, une chute dans l'oubli et parmi les ombres. Regarder en moi, c'est remonter vers les dieux, vers les essences, vers les seules vérités. Apprendre n'est que se souvenir.

— Magnifique rêveur !

— Toute pensée un peu profonde, ne l'appellerons-nous pas un rêve ?... A moins que nous ne sachions découvrir en nous, en notre passé glorieux,