Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/61

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que notre présent est un rêve qui fuit et les apparences parmi lesquelles nous vivons, des ombres et des fantômes.

— Les songes que tu dis, mon Platon, sont le poète que tu es. Pour le sage ils restent aussi indifférents que les spéculations de physique à quoi d'autres perdent leur temps et leur âme.

— Cesse d'être injuste, ô Socrate, pour des pensée qui me rapprochent des dieux.

— Je suis juste, mon Platon, pour des pensées qui, même lorsque tu crois regarder en toi, t'éloignent de toi.

— Les choses que je dis, où les trouverais-je, sinon en moi ?

— Tu les trouves en toi, mon Platon, aux heures où, mal éveillé, c'est ta fantaisie, non ta raison que tu appelles toi.

— Quelles choses ordonnes-tu donc que je cherche en moi ?

— Deux sortes de choses : ce que tu dois faire pour être une harmonie heureuse  ; ce que tu peux faire pour être une harmonie heureuse. Il faut, mon Platon, que, négligeant les moindres ouvrages, tu deviennes l'ouvrier de ton bonheur. Les connaissances qui te permettront de sculpter ton bonheur, voilà les seules connaissances que tu doives chercher en toi.

— Mon bonheur, ô Socrate, je le trouve précisément aux vastes pensées que tu blâmes, aux réminiscences des temps qui précédèrent ma chute dans un corps. Le corps est un tombeau. Mon bonheur,