Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/73

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Celui-ci voit toute les parties de la matière emportées dans un mouvement continuel et fait pour donner le vertige; mais celui-là prouve qu'il n'y a pas de mouvement. Ici on démontre que tout commence et périt ; là, qu'il ne saurait y avoir naissance ni destruction.

— Quand nous avons appris un métier — disait Socrate —, nous nous sentons en état de l'exercer pour notre usage ou pour l'usage des personnes que nous voulons obliger. A celui qui croit connaître les causes des choses et des événements demande de te donner de la pluie quand ton champ a soif ; du soleil, quand il faut chauffer et mûrir tes fruits. Il ne sait rien faire de tout cela. Tu dois donc admettre qu'il ignore comment tout cela se fait ou, pour le moins, que sa science est sans utilité.

Ainsi il méprisait les vaines recherches. Content de s'entretenir des choses qui sont à la portée et à l'usage de l'homme, il examinait ce qui est juste ou injuste ; il s'appliquait à connaître ce que c'est que sagesse et folie, courage et lâcheté. Ou plutôt ces même lui paraissaient, dans leur généralité, vains et insolubles. Il étudiait de préférence ce que doit faire tel homme dans tel cas déterminé. Quand il abordait certaines questions générales, c'était pour montrer l'absurdité de toutes les solutions. Il disait : « Le général est le domaine de l'ironie. Seul, le particulier permet la maïeutique. Platon lui-même n'accouchera pas la féminité ou l'idée de la femme ; mais on aide à accoucher telle femme, et à l'heure voulue par la nature. »

Or Sathon objectait :