Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/74

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— Il n'y a de science que du général.

— J'en suis persuadé — répondait Socrate — et c'est pourquoi je ne sais qu'une chose, qui est que je ne sais rien.

Un jour, dans une discussion avec Alcibiade, Sathon, selon sa coutume, employait faussement la méthode maïeutique et il faisait trouver à Alcibiade je ne sais quelle définition générale.

— Charlatan aux subtiles paroles — dit Socrate — prestidigitateur aux doigts souples, tu fais toujours trouver à l'éblouissement de ceux qui te regardent des choses qui ne sont pas eux. Nulle définition n'est en Alcibiade, ni en toi ni en moi, jusqu'à ce que tu l'y aies introduite frauduleusement.

— Pourquoi dis-tu cela, Socrate ?

— Parce que toute définition est générale, mais je suis un être particulier et je ne connais que des choses particulières et des événements particuliers.

— Mais, sans définition, on ne peut discuter...

— Quel besoin as-tu de discuter ?

Alors le présomptueux Sathon, ami de la dispute :

— En vérité, si ce n'était pour disputer, pourquoi s'adonnerait-on à la philosophie ?

— Pour apprendre à bien vivre, mon Platon.

— Mais bien vivre, c'est obéir à la science.

Socrate avouait. Mais il vantait la science possible et utile, celle de moi-même, de mes vrais besoins et de mes vraies forces. Or cette science est la connaissance d'un être particulier et réel. Au contraire, ce que Platon appelait la science, la recherche du général, qu'est-ce que l'ignorance et la déformation du particulier, seul réel ?