Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/75

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Mille fois j'ai entendu Socrate tenir de tels discours. Ils me réjouissaient dans mon cœur et dans mon esprit. Car je connais l'impossibilité de définir ce qui est et que définir, c'est toujours parler de ce qui n'est pas. Je sais que la discussion qui s'appuie sur des définitions porte sur de l'irréel et conduit à des chimères. Et je sais, à ce sujet, beaucoup d'autres choses que j'ai dites en d'autres ouvrages.

Quelque chose me déplaisait toutefois dans les discours de Socrate concernant la science. Socrate croyait que savoir c'est pouvoir et que toute faute est faite d'ignorance. Certes, il est vrai que je tombe plus facilement dans les ténèbres qu'à la lumière de midi. Mais la faiblesse de l'enfant ou du soldat blessé tombe même au grand jour. Socrate attribuait une importance trop exclusive à la lumière, pas assez d'importance à la force. C'est sur ce point que nous autres cyniques nous corrigeons et complétons particulièrement la pensée de Socrate. On peut voir les choses que je dis dans mon livre intitulé Le Grand Héraklès et aussi dans mon dialogue intitulé Le Bâton. On peut les lire encore aux ouvrages que le plus cher de mes disciples, Diogène de Sinope, à écrits sous ces deux titres : Le Mendiant et L'Homme courageux.


IX

Cette force, dont Socrate négligeait de parler, il l'avait soigneusement développée en lui. Il avait