Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il faut donc qu'il y ait en toi une autre vertu que la connaissance. Qu'est-ce qui fait que la science, inutile chez eux, prend en Socrate puissance et efficace ?

— Malgré les apparences, cesse de croire, mon fils, qu'il y ait chez ceux dont tu parles connaissance véritable. Etre mauvais, tu en es convenu vingt fois, c'est être malheureux. Crois-tu que quelqu'un soit malheureux volontairement.?

— Je ne crois pas cela, Socrate.

— Donc tu ne crois pas que quelqu'un soit mauvais volontairement. Puisque tous les hommes veulent être heureux, tous sont bons par la volonté. Si leur volonté n'a pas d'efficace, c'est que leur science du bonheur reste insuffisante. C'est qu'ils se trompent sur les éléments et les moyens du bonheur.

— Pourtant, Socrate, ceux qui parlent comme toi savent ce que tu sais. D'où vient donc la différence entre vos actions ?

— Ceux-là répètent des mots ; ils n'ont pas la science des choses.

— Sans doute, sans doute. Mais la science des choses n'est-elle faite que de science ?...

— Il souriait de la naïve formule. Et il disait avec indulgence :

— Explique-toi, mon Antisthène.

— Je sais ce que je veux dire, Socrate ; je ne sais pas le dire.

— Erreur, mon enfant. Quand tu sauras ce que tu veux, dire tu sauras le dire. Au lieu de mots généraux