Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la légère faute de Socrate, la faute qui autorisa tant de Sathon, de Xénophon, de Critias et d'Alcibiade à le réclamer comme leur maître.


X

Devant une nombreuse assemblée, Socrate avait cherché avec Ménon ce que c'est que la vertu. Après avoir réfuté diverses définitions proposées par Ménon, il lui avait fait découvrir, selon sa coutume, que la vertu n'est autre chose que la connaissance du bien et du mal. Et il ajoutait que le seul élément du vice s'appelle ignorance.

Toute la compagnie applaudissait et Sathon plus que les autres. Moi seul je restais un peu mécontent. Mais j'avais dit, en trop de circonstances, l'insatisfaction qui me troublait et je n'avais réussi ni à convaincre Socrate ni à me laisser convaincre par lui, d'une façon durable. De sorte que je me taisais.

Alors Sathon dit :

— Tu as démontré, ô Socrate, que toutes les connaissances sont en nous comme une troupe d'enfants qui dorment. Tu as réveillé un des plus beaux parmi les enfants endormis. Permets-tu que j'essaie d'en éveiller un autre ?

Le maître ayant consenti, Sathon, avec l'autorisation de Ménon, interrogea un tout jeune esclave de Ménon, nommé Manès.

Il l'interrogeait avec une adresse merveilleuse. Il