Page:Ryner - Les Véritables entretiens de Socrate, 1922.djvu/84

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trouve le moyen de faire apparaître brusquement un enfant qui vagit et il persuade à la vierge que cet enfant vient de jaillir de son ventre. 0 faiseur de prodiges, les inutiles vérités géométriques, tu ne les portes pas en toi avant de les y avoir mises. Pour les découvrir ou les faire découvrir, n'as-tu pas été obligé de regarder au dehors et de tracer des figures sur le sable ?

Sathon répèta une parole qu'il aimait à dire :

— Apprendre, c'est se souvenir.

Il ajouta :

— Certaines circonstances extérieures peuvent être utiles ou nécessaires à réveiller les souvenirs.

— Tu crois donc que tu portes en toi de petits carrés, et de grands carrés, et des lignes diagonales ? Sans doute aussi, tu te crois plein de cercles, de triangles, de sphères et d'autres figures semblables ?

— Tout, je porte tout en moi. Le savant Socrate et Manès l'ignorant portent également tout en eux.

— L'être et le non-être ?...

— L'être seulement, astucieux Socrate.

— Tu accordes donc de l'être et de la réalité au carré ?

— Sans aucun doute.

— Tu crois qu'il y a dans la nature des carrés parfaits ?…

— Que veux-tu dire ?

— …Et qui n'ont aucune épaisseur ?... Et qui sont limités par des lignes parfaitement droites et exactement égales ?

— Que veux-tu dire ? — répétait Sathon qui ne