Cependant, le peuple croyait :
— Le soleil se lève dans le vide, mais il se couche dans le plein d'un autre monde. Il nous éclaire d'abord. Il éclaire ensuite d'autres êtres. L'orient est désert ; l'orient de la montagne est un néant. L'occident contient deux mondes : un pays de délices humides où la terre est généreuse ; un pays de tourments et de sécheresse. Dans l'un, des hommes meilleurs que nous plongent leurs racines heureuses. Dans l'autre, des méchants souffrent, car la terre brûle et fournit peu de nourriture.
Et le peuple croyait encore :
— C'est le même soleil qui revient tous les jours. Après avoir éclairé le paradis et l'enfer, il saute, brusque, à travers le néant, au sommet de la montagne orientale.
Quelques-uns même soupçonnaient :
— Peut-être le néant que traverse le soleil matinal n'est-il pas rien, mais est-il un chaos, une masse où les choses sont indiscernables, néant de la forme, soit, mais, où la matière s'agite, inharmonieuse et infinie.
Mais les sages hardis rétorquaient :
— Il n'y a rien en dehors de ce que nous connaissons.