Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/164

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— Maintenant, dit le capitaine à la fée, indiquez-moi où est la baguette.

— Votre femme a fait pratiquer au-dessous de son armoire une petite coulisse, c’est là que la bague et la baguette sont cachées ; quand vous les aurez, revenez ici, je vous y attendrai.

Il embrassa la petite chèvre et lui dit :

— À demain, ma petite chèvre blanche, tu n’as plus qu’une nuit à passer dehors ; si je trouve la baguette et la bague, tu seras démorphosée[1] ; si je ne peux les trouver, je viendrai vivre avec toi parmi ces ruines.

— La baguette et la bague sont encore dans l’armoire, dit la fée ; mais hâtez-vous, car la méchante fée qui a emmorphosé Euphrosine va avertir votre femme de ce qui se passe.

Le capitaine courut au village le plus près, et y loua un cheval pour arriver plus vite ; en entrant dans sa maison, il vit sa femme et un menuisier qui étaient à défaire la cachette de la bague et de la baguette, car la mauvaise fée l’avait avertie ; mais il se glissa sans bruit derrière elle, lui arracha la bague et la baguette, et sans attendre au lendemain, il remonta à cheval et se dirigea bride abattue vers les ruines.

Il y trouva la fée qui l’attendait ; et il lui donna ce qu’il avait pris à sa femme. La fée posa parterre devant la petite chèvre la bague et la baguette, et lui dit :

— Voilà les objets que je t’avais donnés pour te mettre à l’abri des méchancetés de ta belle-mère ; touche-les avec le pied.

La petite chèvre mit un pied sur la bague et l’autre sur la ba-

  1. Ta métamorphose cessera.