Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/89

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Aussitôt voilà un pot de cidre et un verre qui se présentent devant eux :

— Ma foi, dit le bonhomme, nous avons goûté à la gâche, et elle était bien bonne ; m’est avis que le cidre ne nous fera point de mal.

Ils remplirent le verre ; le cidre était clair et de belle couleur, et ils déclarèrent tous les deux que jamais ils n’en avaient bu d’aussi agréable.

Quand ils revinrent le soir chez eux, ils racontèrent à leurs voisins qu’ils avaient mangé du pain apporté par les fées et qu’ils avaient bu de leur cidre ; mais beaucoup hochaient la tête en les entendant et leur disaient :

— Vous allez en mourir, mes pauvres gens.

Ils ne furent pourtant point malades, et, quelques jours après, ils retournèrent labourer auprès de la pointe du Châtelet Comme ils y arrivaient, ils sentirent l’odeur de galettes de blé noir toutes chaudes.

— Ah ! dit le bonhomme Maraud ; les fées sont aujourd’hui à faire de la galette ; si tu leur en demandais un peu ?

— Ma foi, répondit le domestique, priez-les de vous en donner, j’ai peur de les ennuyer.

Le bonhomme, qui était un vieux farceur, se mit à crier :

— Apporte-moi de la galette ; et il m’en faut de la meilleure !

Quand ils furent rendus au bout du sillon qu’ils traçaient, ils trouvèrent deux galettes de belle apparence.

— Nous allons les manger, dit le bonhomme, elles ont une mine qui fait plaisir à voir.