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Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/175

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Vaugirard parce que tu n’es pas digne d’y être admis ; et je crains bien qu’il n’en soit de même de tous les collèges ; tu n’y seras ni plus heureux ni plus estimé. — Tu es mon seul fils, j’espérais en toi pour mon bonheur à venir, et tu ne me causes que du chagrin. »

Georges ne disait rien ; il restait immobile, dans l’attitude d’un garçon qui est grondé, mais qui n’éprouve aucun repentir ; il n’eut pas une parole affectueuse pour son père ; et quand M. Dormère, découragé, lui dit tristement : « Tu peux aller jouer, Georges ; je n’ai plus rien à te dire », il se leva et quitta l’appartement avec un air visiblement satisfait.

Pendant les reproches trop doux que M. Dormère adressait à son fils, Mlle Primerose s’éloignait avec Jacques et Geneviève.

« Mes enfants, dit-elle gaiement, il est clair que Georges a fait une vilaine action ; je suis sûre qu’il a ouvert et lu la lettre ; il a vu qu’on se plaignait de lui et il a perdu, c’est-à-dire jeté, la lettre, de peur d’être grondé.

Geneviève.

Oh ! ma cousine, j’espère que vous vous trompez ; Georges n’est pas capable d’une si mauvaise action.

Mademoiselle Primerose.

Et comment a-t-il su qu’on se plaignait de lui ? Comment a-t-il perdu une lettre que le Père lui avait annoncée comme importante ? Va, va, ma fille, tu es trop bonne, trop indulgente pour ce garçon.