Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/374

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et votre nom sera justement déshonoré ainsi que votre personne et celle de votre fils, ce qu’avait voulu empêcher ma noble Geneviève en vous cachant le nom du voleur et en vous suppliant, prosternée à vos pieds, de sauver l’honneur de votre maison.

« Je ne veux plus avoir affaire directement à vous et je vous défends de m’écrire.

« Cunégonde Primerose. »


Mlle Primerose apporta sa lettre au salon et dit à Jacques de la lire à haute voix.

Aux premières lignes, Jacques s’arrêta.

« Chère mademoiselle, dit-il en souriant, ce n’est pas d’un style doux et conciliant.

Mademoiselle Primerose.

Nous ne sommes plus au jour de la conciliation, mon ami. Je parle net parce qu’il le faut. Continue jusqu’au bout. »

Quand Jacques eut fini, Geneviève prit la parole à son tour.

« Chère cousine, c’est bien dur pour mon pauvre oncle d’apprendre si brusquement la terrible vérité.

Mademoiselle Primerose.

Et tu crois que c’est moi qui la lui apprends, bonne personne que tu es. Il y a longtemps qu’il l’a devinée, mais il ne veut pas l’avouer, par orgueil et par lâcheté. Tu oublies donc le plan infâme de ce misérable pour t’amener à épouser forcément son scélérat de fils. Et tout cela uniquement pour avoir ta fortune ! »