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DE L'ÉGYPTE

ils représentaient leurs divinités, étaient expressifs mais bizarres. Un œil au bout d'u sceptre signifiait la providence d'Osiris ; un faucon, sa vue perçante : la statue d'Isis, toute couverte de mamelles, montrait qu'elle nourrissait tous les êtres ; elle portait une cruche et un sistre, pour rappeler la fécondité du Nil, et les fêtes qu'on célébrait en son honneur. Sérapis, dieu de l'abondance, avait un boisseau sur la tête ; Jupiter Ammon, la tête d'un bélier ; Anubis, celle d'un chien ; enfin, beaucoup d'autres dieux, celles de différens animaux. Le peuple, naturellement superstitieux et grossier, oublia bientôt la divinité pour adorer ses images, et, dans toutes les villes et bourgs de ce vaste pays, on vit les animaux et les plantes, érigés en dieux, devenir l'objet du cule le plus méprisable et le plus fanatique. Le rat ou le serpent, adoré dans une ville, était méprisé dans l'autre ; on immolait dans un village ce qu'on encensait dans le village voisin ; et cette opposition d'opinions et d'usages faisait naître entre les habitans du même pays des haines funestes, que Diodore prétend avoir été provoquées par la politique d'un roi qui crut affermir son autorité en divisant ses sujets.

Le bœuf Apis. Une des plus fameuses de leurs idoles fut le bœuf Apis, universellement révéré. Jamais divinité n'eut des temples plus magnifiques, des prêtres plus riches et plus zélés. Les honneurs qu'on lui rendait, les dépenses pour le nourrir, le désespoir après sa mort, l'empressement à lui chercher un successeur, paraissent incroyables.