Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/190

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et toute son attitude exprimait un profond sentiment de gratitude et d’affection.

« Tu es un bon garçon ; tu as un bon cœur, et tu sais reconnaître ce qu’on fait pour toi, Jean, dit enfin M. Abel en lui serrant fortement la main. Et maintenant, mon enfant, apporte-moi mon café bien chaud. »

Jean alla chercher le café.

« Monsieur, dit-il en l’apportant, ne pourriez-vous savoir, par ce tailleur, le nom de notre généreux bienfaiteur ? je serais si heureux de pouvoir le remercier !

M. Abel.

Peut-être pourrai-je le savoir, mon ami ; je m’en informerai. À ce soir chez M. Amédée ; j’arriverai un peu tard, vers dix heures, car j’ai affaire avant… Adieu, Jean, ajouta-t-il avec un sourire particulièrement bienveillant.

— Adieu, monsieur, dit Jean en le suivant des yeux. Je l’aime, pensa-t-il ; je l’aime beaucoup. »

La journée se passa lentement ; l’impatience de Simon et de Jean surtout augmentait à mesure qu’approchait l’heure du bal. M. Métis leur donna congé de bonne heure ; ils dînèrent à la hâte et grimpèrent leurs cinq étages, lestes et légers comme des écureuils. Ils se débarbouillèrent et se peignèrent avec soin. Puis commença la grande toilette ; linge, habits furent encore examinés, retournés, admirés ; Jean embrassait toutes les pièces dont il se revêtait. Ils étaient convenus de ne se