Aller au contenu

Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’écria Caroline ne pouvant plus contenir ses larmes.

gribouille.

Qu’est-ce que ça fait, la maison, puisqu’elle est avec le bon Dieu, dans ciel ? M. le curé l’a dit ; il te l’a dit ; tu ne veux donc pas le croire ?

caroline.

Si fait, je le crois, mais j’aime à penser à elle.

gribouille.

Et, quand tu penses à elle, tu pleures ? Ce n’est pas gentil, ça ; ce n’est pas aimable pour elle ; c’est comme si tu lui disais : « Ma chère maman, je sais que vous êtes bien heureuse, et j’en ai bien du regret ; je sais que vous ne souffrez plus, j’en suis bien fâchée. Je voudrais que vous soyez encore ici à beaucoup souffrir, à ne pas dormir, à gémir, à pleurer, comme vous faisiez, pour que j’aie le plaisir de vous regarder souffrir, de vous soigner sans vous guérir, et de laisser Gribouille s’ennuyer tout seul pendant que je vous servirais. » Voilà ce que tu veux donc ?

caroline.

Comme tu arranges cela, Gribouille ? dit Caroline en souriant à travers ses larmes. Mais je tâcherai de ne plus pleurer, et pour cela nous allons nous dépêcher de tout serrer, tout ranger, et de faire un paquet des effets et du linge dont nous aurons besoin chez nos nouveaux maîtres. Puis nous irons reporter l’ouvrage que ces dames m’avaient donné à faire, et nous reviendrons dormir