Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/162

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fure et nettoyer sa robe ; en lavant tout de suite, les taches s’enlèveront facilement.

Mme Delmis, apaisée par la compassion de Caroline et par l’éloge qu’elle avait fait de ses cheveux, sortit de la salle, suivie de Caroline, qui jeta à Gribouille un regard de reproche triste et doux.

Gribouille, qui jusque-là était resté impassible, devinant le mécontentement de sa sœur, se mit à parcourir la salle à grands pas, se tapant la tête et disant :

« J’ai fait une sottise ! Je l’ai vu à l’air de Caroline ! Si monsieur veut bien lui dire de ne pas être fâchée contre moi ! Je ne l’ai pas fait exprès, moi ! Tout le monde peut accrocher une porcelaine en passant ! Une tête comme celle de madame ! Est-ce que je pensais, moi, qu’on lui avait soufflé les cheveux, qu’elle avait la tête comme un boisseau ? ce n’est pas juste de s’en prendre à moi ! N’est-ce pas, monsieur, qu’il n’y a pas de justice ?

monsieur delmis.

Écoute, Gribouille, tu n’as pas fait une mauvaise chose, mais tu as fait une maladresse et une impertinence, et, quand on est domestique, il faut tâcher de ne pas être maladroit ni impoli.

gribouille.

C’est facile à dire, monsieur ; je voudrais vous y voir, à passer une douzaine de plats et d’assiettes, comme j’ai fait ce soir, sans rien casser (car on ne peut pas dire que j’aie rien cassé), et puis, pour un compotier qu’on répand sur une laide