Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/170

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selle. La seule douceur que se permettait Caroline était d’assister à la grand’messe, à l’office du soir et d’aller passer une heure le soir chez M. le curé. Gribouille, pendant cette absence, jouait avec les enfants. Il impatientait souvent Mme Delmis, et faisait rire les enfants par ses niaiseries ; ses maladresses se répétaient fréquemment ; il était rare qu’un jour se passât sans qu’il brisât quelque chose ou qu’il fît quelque gaucherie. M. Delmis l’excusait de son mieux ; Gribouille le remerciait par un regard rempli de tendresse et de reconnaissance. M. Delmis avait reconnu dès le début la bonté, le dévouement, l’affection du pauvre Gribouille ; ces excellentes qualités le rendaient indulgent pour des gaucheries qui devenaient moins fréquentes à mesure que l’habitude du service lui donnait plus d’assurance et d’adresse. Bien des fois M. Delmis avait aidé Caroline à cacher à Mme Delmis les fautes de Gribouille. Un jour le pauvre garçon avait brisé un vase qu’on lui avait remis pour y mettre des fleurs ; Caroline, désolée, ne savait comment affronter le mécontentement de sa maîtresse ; M. Delmis, témoin de l’accident, alla chez le marchand de porcelaine pour remplacer le vase cassé, et en trouva un tout semblable, qu’il s’empressa d’apporter au frère et à la sœur consternés. La joie de Gribouille, quelques mots naïfs et affectueux, la reconnaissance de Caroline, le récompensaient de sa bonne action et lui assuraient l’affection dévouée des pauvres orphelins.

Un jour, Caroline annonça à son frère qu’il y au-