Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/359

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gribouille.

Elle… le voudra bien, elle vous… aime… bien,… je l’ai bien vu,… elle souriait toujours… quand… je lui… disais… que, vous viendriez… la voir…

le brigadier.

Gribouille, tu parles trop ! tu feras saigner ta blessure.

gribouille.

Non,… non,… ça me fait… du bien… d’avoir dit… ce que j’ai dit… Pauvre Caroline ! vous lui direz de ne pas pleurer,… que vous l’aimerez bien,… que vous serez… son frère… N’oubliez pas… »

Gribouille ferma les yeux : le brigadier le contemplait avec attendrissement.

« Jamais, se dit-il, jamais je ne me suis senti aussi ému, aussi troublé ! Pour un rien, je pleurerais comme un enfant. Ce pauvre garçon ! se jeter entre moi et le feu qu’il voyait venir ! Donner sa vie pour sauver la mienne ! Pauvre garçon ! où trouverai-je un ami pareil ?… Il me demande de ne pas quitter sa pauvre sœur ! Certainement je me dois à elle, pour compenser autant qu’il est en moi la perte qu’elle fait aujourd’hui ! Et puis quelle piété ! quelle douceur ! quelle bonté ! et quel dévouement pour son frère ! Quel ordre dans son ménage, dans ses dépenses ! quelle modestie dans sa toilette !

— Brigadier,… dit Gribouille en s’éveillant, j’ai vu maman ;… elle m’attend… comme l’autre