Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/376

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nanon.

Vous n’y toucherez pas ; vous ne feriez, que me gêner. Est-ce que vous y entendez quelque chose, vous ? Donnez-moi ce qu’il me faut.

le brigadier.

Que vous faut-il ? dites-le donc, si vous voulez l’avoir, dit le brigadier avec un commencement d’impatience.

nanon.

Tiens, vous n’êtes pas plus savant que cela ? laissez-moi me servir moi-même ; j’aurai plus tôt fini. Ces gendarmes, ça n’est bon qu’à arrêter le pauvre monde.

— Que le diable vous emporte ! vieille grognon, s’écria le brigadier à bout de patience. Faites à votre tête et appelez-moi quand vous aurez fini.

— Plus souvent que je t’appellerai, gendarme de malheur », grommela entre ses dents Nanon, irritée de l’apostrophe du brigadier.

Quand il fut sorti, elle continua, tout en préparant les objets nécessaires.

« Ça a-t-il du bon sens ? Un homme de trente ans qui fait tuer un enfant à sa place ! Ce pauvre innocent ! Le faire marcher au feu, comme s’il était un gendarme. Ces gens-là, ça n’a pas de cœur ! Et cette pauvre Caroline ! la voilà dans une belle position ! Plus de frère ! plus personne ! Si ce brigadier avait pour deux sous d’imagination, il lui donnerait tout ce qu’il possède… C’est que M. le curé est capable de la garder ! Ce serait une jolie charge pour moi !