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Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/92

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en pièces, comme elle l’avait dit elle-même ; je les enveloppe dans le papier gris, comme elle me l’avait dit, et je les donne à Thomas, toujours comme elle me l’avait dit. Mais voilà qu’après être restée un moment, tout comme une statue, sans bouger, sans sourire, toute pâle, elle va à l’armoire et crie : « Ah ! mon Dieu ! Gribouille ! Miséricorde ! les robes ! les voilà ! les voici ! Cours vite ! Elles diront ! elles croiront ! Dis que tu t’es trompé ! que j’ai les robes !… » Et je ne sais quoi encore de voleuse, de Thomas, de le rattraper. Et alors, monsieur le maire, j’ai couru, couru ; mais Thomas avait couru plus vite que moi. Et puis ne voilà-t-il pas que Mlle Rose me barre le passage ! « Tu n’entreras pas, me dit-elle. — J’entrerai, que je lui réponds. — Tu n’iras pas. — J’irai. » Bref, elle me saisit par ma veste ; je lui lance un coup de pied ; elle m’assène un coup de poing,… et fameux, encore… Je me débats de mon mieux, je joue des pieds et des mains, et me voici, toujours pour obéir à ma sœur. »

Le maire, que le récit de Gribouille avait beaucoup amusé, se tourna vers les dames.

« Vous voyez ! qui avait raison de nous deux ? »

Ensuite, se tournant vers Rose, qui était restée à la porte, rouge et haletante :

« Rose, si jamais vous recommencez ce que vous avez fait aujourd’hui, vous quitterez mon service immédiatement. »

S’adressant ensuite à Gribouille :