Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/106

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La grand’mère.

Non ; il n’a pas de maître. Il paraît que c’est le fameux Cadichon, qui a été chassé après la mort de sa petite maîtresse ; il est venu au village, et mes petits-enfants l’ont trouvé abandonné dans le pré. Ils l’ont ramené, et nous le garderons.

Bouland.

Et madame fait bien de le garder. Il n’y a pas son pareil dans tout le pays. On m’a raconté de lui des choses vraiment étonnantes ; on dirait qu’il entend et qu’il comprend tout ce qui se dit. Madame va voir… Viens, mon Cadichon, viens manger ton picotin d’avoine.

Je me retournai aussitôt, et je suivis Bouland qui s’en allait.

« C’est étonnant, dit la grand’mère, il a vraiment compris. »

Elle rentra à la maison ; Jacques et Jeanne voulurent m’accompagner à l’écurie. On me plaça dans une stalle ; j’avais pour compagnons deux chevaux et un âne. Bouland, aidé de Jacques, me fit une belle litière ; il alla me chercher une mesure d’avoine.

« Encore, encore, Bouland, je vous en prie, dit Jacques ; il lui en faut beaucoup, il a tant couru !

Bouland.

Mais, monsieur Jacques, si vous lui donnez trop d’avoine, vous le rendrez trop vif ; vous ne pourrez pas le monter, ni Mlle Jeanne non plus.