Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/110

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« Ah ! mon Dieu ! Cadichon est malade, s’écria le petit Jacques ; Bouland, Bouland, venez vite. Cadichon est malade.

— Tiens, qu’est-ce qu’il a donc ? reprit Bouland. Il a pourtant eu son déjeuner de grand matin. »

Il s’approcha de la mangeoire, regarda dedans et dit :

« Il n’a pas touché à son avoine ; c’est qu’il est malade… Il a les oreilles chaudes, ajouta-t-il en me prenant les oreilles ; son flanc bat.

— Qu’est-ce que cela veut dire, Bouland ? s’écria le pauvre Jacques alarmé.

— Cela veut dire, monsieur Jacques, que Cadichon a la fièvre, que vous l’avez trop nourri, et qu’il faut faire venir le vétérinaire.

— Qu’est-ce que c’est qu’un vétérinaire ? reprit Jacques de plus en plus effrayé.

— C’est un médecin de chevaux. Voyez-vous, monsieur Jacques, je vous le disais bien. Ce pauvre âne a eu de la misère ; il a souffert cet hiver, cela se voit bien à son poil et à sa maigreur. Puis il s’est échauffé à courir très fort le jour de la course des ânes. Il aurait fallu lui donner peu d’avoine, et de l’herbe pour le rafraîchir, et vous lui donniez de l’avoine tant qu’il en voulait.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! mon pauvre Cadichon !… il va mourir ! Et c’est ma faute ! dit le pauvre petit en sanglotant.

— Non, monsieur Jacques, il ne va pas mourir