Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/272

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Camille.

Mon Dieu, mon Dieu ! pourvu qu’il n’en arrive pas autant à Auguste !

Élisabeth.

Voilà pourquoi il faut que nous priions beaucoup ; peut-être le bon Dieu nous accordera-t-il ce que nous lui demanderons.

Madeleine.

Où est donc Jacques ?

Camille.

Il était ici tout à l’heure, il sera rentré. »

Il n’était pas rentré, le pauvre enfant, mais il s’était mis à genoux derrière une caisse, et, la tête cachée dans ses mains, il priait et pleurait. Et c’était moi qui avais causé la maladie d’Auguste, l’affreuse inquiétude du malheureux père, et enfin le chagrin de mon petit Jacques ! Cette pensée m’attrista moi-même ; je me dis que je n’aurais pas dû venger Médor. « Quel bien lui a fait la chute d’Auguste ? me demandai-je. Est-il moins perdu pour moi ? La vengeance que j’ai tirée m’a-t-elle servi à autre chose qu’à me faire craindre et détester ? »

J’attendis avec impatience le lendemain pour avoir des nouvelles d’Auguste. J’en eus des premiers, car Jacques et Louis me firent atteler à la petite voiture pour y aller. Nous trouvâmes, en arrivant, un domestique qui courait chercher le médecin, et qui nous dit en passant qu’Auguste avait passé une mauvaise nuit, et qu’il venait