paysans y portent encore le costume pittoresque de leurs pères, ce costume tyrolien si gracieux et si riche, qu’il semble ne pouvoir exister que dans les montagnes et les vallées de l’Opéra-Comique. Nous rencontrâmes plus d’une fois de beaux jeunes gens, fils sans doute de laboureurs aisés, qui portaient avec une aisance et une grâce parfaites la culotte colante, le chapeau orné de glands de soie ou d’or et la veste richement brodée du pays. La figure de ces braves paysans est douce, honnête et souvent d’une pureté de traits remarquable. On lit sur leur visage le contentement et la joie d’un peuple laborieux et chrétien, qui travaille une terre féconde sous un ciel privilégié, et qui sait se reposer du travail des mains par la prière, ce divin travail de l’âme. C’est, en effet, une population pleine de foi que celle du Tyrol ; la vie chrétienne y coule à pleins bords et se manifeste partout au dehors. Les enfants y ont conservé la vieille foi naïve et forte des ancêtres, et l’air qu’on respire fait du bien à des poitrines catholiques.
Presque à chaque pas on rencontre sur le bord des chemins de petits monuments en pierre, assez grossièrement sculptés, mais touchants par leur simplicité même, devant lesquels les passants s’agenouillent. On voit des femmes, des enfants, des hommes, s’arrêter devant ces images vénérées de la foi catholique et y prier avec recueillement. Ce sont tantôt des pauvres enfants, préférés de Jésus-Christ, qui viennent demander au Père céleste leur pain quotidien, tantôt des voyageurs qui se reposent en priant de la fatigue du chemin, tantôt des laboureurs qui suspendent un instant leur travail pour demander à Dieu de le bénir et de le sanctifier. Pratiques touchantes, heureuses et pures dévotions, que la plupart de nos campagnes de France ne connaissent plus et dont l’accroissement du bien-être matériel ne compen-