Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/126

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ruines du vieux château, où il revient, dit-on, des esprits ? On m’enfermera, et je ne te verrai plus, toi, Juliette, qui es ma providence ? toi qui fais près de moi l’office de mon ange gardien ? toi qui as conservé en moi le peu de bon que j’avais ?

juliette.

Oui, mon ami, oui ; elle te mettra là-bas, et je ne t’entendrai plus, je ne pourrai plus te conseiller, te consoler, te faire du bien, te calmer, t’adoucir, te témoigner l’amitié que j’ai pour toi. Oh ! Charles, si tu es malheureux, je suis bien malheureuse aussi. Toi et Marianne, vous êtes les seuls que j’entende avec plaisir près de moi, avec lesquels je ne me gêne pas pour demander un service, pour dire ma pensée, que j’attends avec impatience, que je vois partir avec regret. »

Juliette pleura plus fort. Charles se jeta à son cou, l’embrassant, maugréant contre sa cousine, rassurant Juliette.

charles.

Ne t’afflige pas, Juliette, ne t’afflige pas ; je n’y resterai pas ; je te promets que je n’y resterai pas ; si la vieille mégère m’y fait entrer aujourd’hui, avant quinze jours je serai près de toi ; je te soignerai comme avant. Je te le promets.

juliette.

C’est impossible, mon pauvre Charles ; une fois que tu seras là, il faudra bien que tu y restes.

charles.

Je m’en ferai chasser, tu verras.