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Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/211

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Juliette se retourna vivement, écouta avec attention.

« Qui est là ? dit-elle d’une voix légèrement émue.

Charles sourit, mais ne répondit pas.

« C’est toi, Charles ?… Mais réponds donc ? Je suis sûre que c’est toi !

— Juliette, Juliette, ma bonne Juliette ! s’écria Charles. C’est moi, oui, c’est moi ! Je reviens pour ne plus te quitter ; le juge l’a permis. Je vivrai avec toi ! »

Charles s’élança au cou de Juliette avec une telle impétuosité, qu’il manqua de la jeter par terre ; elle l’embrassa avec une grande joie.

juliette.

Mon bon Charles, que je suis contente de te savoir hors de cette horrible maison !

charles.

Horrible ! tu as bien raison ! horrible ! c’est bien le mot ! J’ai eu du mal pour en sortir, va.

juliette.

As-tu été bien malheureux, mon pauvre Charles ?

charles.

Malheureux, non ! j’étais trop occupé. Pense donc quel travail pour inventer des choses affreuses, inouïes, et pour les exécuter tout seul, sans autre aide que celle, très rare et difficile, de Betty ; il fallait arriver à me faire chasser, et pourtant à ne jamais être découvert. Je n’avais pas le temps d’être triste et malheureux.