Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/296

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de Betty ; j’ai couru après lui avec Betty pour empêcher les chiens de le mordre. Voilà tout ! M’en veux-tu encore, Juliette ?

juliette.

Non, mon pauvre Charles, non, je ne t’en veux pas. Puisque tu m’aimes, tu m’écouteras, et quand j’arriverai à te faire aimer le bon Dieu, tu l’écouteras aussi, j’en suis sûre.

charles.

Oh oui ! Juliette, je l’écouterai, je t’écouterai ; j’écouterai tous ceux que tu m’ordonneras d’écouter,… pas Betty seulement, reprit-il en changeant de ton, Betty est méchante ; elle te monte toujours contre moi, et je ne l’aime plus du tout.

betty.

Prends-en à ton aise, mon garçon. Aime-moi ou ne m’aime pas, je m’en moque pas mal. Tant que tu as été malheureux chez la cousine Mac’Miche, je me suis intéressée à toi, et je t’ai protégé tant que j’ai pu ; mais, à présent que tu n’as besoin de rien, que tu es comme un coq en pâte, je me moque pas mal de ton amitié, de ta reconnaissance. Sois ingrat à ton aise, mon garçon ; ce n’est pas moi qui t’en ferai un reproche. »

Ces simples paroles de Betty changèrent en un instant les sentiments de Charles. Il courut à elle.

charles.

Pardonne-moi, ma bonne Betty ; oui, je serais ingrat si je ne t’aimais pas ; j’ai bien réellement de l’amitié et de la reconnaissance pour toi. Ce que j’en ai dit tout à l’heure provenait d’un reste d’hu-