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un monde inconnu

art, formaient une espèce de mosaïque. Les végétaux qui les bordaient, les jardins qui entouraient les maisons, les larges espaces plantés et d’arbustes toujours couverts de feuillage et de fleurs, donnaient à toutes ces villes un aspect riant et paisible. De nombreux véhicules électriques, légers, rapides et de formes gracieuses, roulant sans bruit, les sillonnaient dans tous les sens. Les routes qui reliaient les villes n’étaient que la continuation des rues qui les traversaient ; elles étaient plantées et pavées de la même facon.

Dans la campagne, à certaine distance des villes, s’élevaient des habitations solitaires, asiles préférés de quelques sages jaloux de ne pas être troublés dans leurs méditations par le mouvement des cités.

Grâce à un système de locomotion électrique qui permettait d’obtenir, avec des appareils d’un très petit volume, une force propulsive très considérable, les communications entre les diverses villes étaient rapides et fréquentes. Ils avaient en effet découvert un métal avec lequel la constitution géologique du globe terrestre n’offre rien d’analogue. De couleur bleuâtre, d’une densité inférieure à celle de l’aluminium, moins fusible que le platine, plus magnétique que le fer doux, il avait la propriété de se charger à l’air libre d’électricité, de l’emmagasiner et de former ainsi de véritables accumulateurs d’une extrême puissance et d’une durée presque indéfinie.

Les principales villes étaient reliées par un réseau de voies ferrées dont l’étrangeté avait causé aux trois habitants de la Terre une profonde surprise lorsqu’ils les avaient vues pour la première fois.

Tout y était nouveau, en effet.

Qu’on se figure des véhicules de forme élégante et légère, évidés par le haut et renflés par le bas, reposant des deux côtés sur l’extrémité d’un essieu servant d’axe à une sorte de sphère formée de quatre grands cercles métalliques se coupant angle droit, et dont l’un, perpendiculaire au véhicule et muni d’une gorge, court sur un rail unique. Comment un semblable appareil pouvait-il se maintenir en équilibre ?