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le monde lunaire

Ce fut le problème que se posa tout d’abord l’ingénieur Marcel, et dont la solution, aussi simple qu’originale, l’émerveilla.

Les savants de la Lune n’avaient fait là qu’appliquer à la locomotion le principe du gyroscope.

On sait qu’un corps solide, comme par exemple un disque métallique, soumis à un rapide mouvement de rotation sur son axe, conserve invariablement son plan de rotation et par conséquent son axe tant que la vitesse initiale n’est pas modifiée. C’est sur ce point que le physicien Foucault s’était fondé pour construire l’instrument qui lui servit à démontrer la rotation des planètes. Son gvroscope, en effet, se maintient en équilibre, suspendu en porte-à-faux tant qu’il conserve la même vitesse de rotation.

C’était, dans l’appareil qui causait la surprise de Marcel, l’application de la même loi physique.

Au centre de la sphère sur l’axe de laquelle reposait le véhicule, était disposé un disque ou plutôt une sorte de volant métallique très pesant, animé par un moteur électrique d’un mouvement de rotation extrêmement rapide, dans le plan même de la roue à gorge qui reposait sur le rail. Le diamètre et le poids de ce volant, ainsi que la vitesse qui lui était imprimée, tout était calculé en vue de la charge que l’axe de la sphère était appelé à supporter. Tant qu’il conservait sa vitesse, l’appareil tout entier gardait sur le ruban de métal un équilibre fixe et invariable, assez stable pour n’être pas rompu par le va-et-vient des voyageurs. Le train ainsi formé était mis en mouvement par un moteur électrique indépendant, disposé sur le premier des véhicules, qui constituait ainsi une sorte de locomotive électrique, dont la forme en coupe-vent très aigu diminuait de beaucoup la résistance atmosphérique.

Ce système avait pour conséquence, puisque le tout roulait sur un seul rail, de réduire le frottement à son minimum et d’augmenter proportionnellement la vitesse obtenue. Il en résullait aussi pour l’établissement des voies de précieuses facilités.

En effet, le rail reposait sur des piliers métalliques placés de distance en distance et dont les hauteurs, variant suivant les inégalités du sol, maintenaient la voie dans un plan toujours horizontal. Ainsi étaient évités ces travaux de terrassements, ces